Visite de Silvia et de son « marché indigène ».
La population de Silvia est principalement composée de la communauté indigène Misak (ou Guambianos).
La première chose qui frappe le regard est leur costume. Les hommes et les femmes portent une jupe, mais les couleurs sont inversées. Les hommes portent un haut noir et un bas bleu, les femmes un haut bleu et un bas noir. Explication : c’est complémentaire.
La communauté a ses propres lois, son hôpital (seul cas en Colombie), son école.

Le marché accueille tous les paysans locaux, qu’ils soient indigènes ou pas. Et s’il est vrai que 80 % de la population locale est indigène, cela n’en reste pas moins un marché où cohabitent tous les producteurs locaux. Le marché de Silvia est un « mercado de colores » (marché de couleurs).

Il y a plusieurs secteurs « thématiques » : les fruits et les légumes, les sucreries, les pains, les denrées sèches, l’artisanat, la quincaillerie, la viande et jusqu’à une zone réservée uniquement aux abats et carcasses.





Les chivas sont des bus résistants à la rudesse des routes montagneuses. Ils transportent des personnes, des animaux et du fret. Il faut juste ne pas être pressé (temps), ni vouloir ne pas être pressé (place) !

Après le marché, nous allons visiter la boutique de Victor qui a créé une agence locale pour accueillir les touristes et leur faire découvrir de la main même des indigènes, la culture et les traditions Misak de Silvia. Il nous explique les traditions des Misak :
Au commencement du monde vivent les esprits de la nature : Pishimisak, l’esprit féminin qui repose dans la laguna Ñimbi et Kalim, l’esprit masculin, qui repose dans la laguna de Piendamo.
De l’union entre les deux lagunes, fécondées par l’arc en ciel, vont naître un garçon et une fille. Les deux enfants vont être élevés par Kalim et Pishimisak, les esprits de la nature, pour finalement former le premier couple Misak.
Il nous explique le sens des couleurs des vêtements. Le bleu fait référence à l’eau, le vert la nature et le rouge au souvenir du sang versé par leurs ancêtres pendant la colonisation.
Il passe un long moment à nous donner la signification du tressage des chapeaux, appelé Tampal Kuari, qui est construit sur le « cycle de la vie ». C’est une spirale éternelle.
Le sommet et le centre du chapeau représentent le ventre de la mère et la naissance dans la communauté Misak et se développent en spirale jusqu’à atteindre le monde spirituel. Le nœud central, origine de la spirale, c’est le nombril.
- Le premier cercle de spirale représente donc l’enfant qui grandit jusqu’à faire partie entière de la communauté et participer aux « mingas » communautaires.
- Le deuxième cercle représente l’environnement, le territoire, les montagnes alentour et les autres communautés proches du peuple Misak.
- Le troisième cercle représente le monde « extérieur », les étrangers, les hommes blancs. Les Misaks ont conscience qu’ils coexistent dans un monde plus grand.
- Sous chaque cercle sont cachés des symboles que seuls les Misaks peuvent voir et comprendre. Il s’agit notamment des sites sacrés où l’on va réaliser les rituels d’harmonisation pour vivre en équilibre avec la nature.
- En retournant le chapeau, on trouve la vie après la mort, « l’autre vie ».
Tout ce qui unit ces différents cercles, c’est la Pachamama, la terre, sans laquelle il ne serait pas possible de vivre.




